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Juste la fin du monde, entre cris et larmes

  • Emma
  • 2 oct. 2016
  • 3 min de lecture

Je suis sortie du cinéma frustrée, bouleversée, avec des questions sans réponses et un sentiment d'amertume. Xavier Dolan, a, encore une fois, réussi un coup de maître. Parce que ce film, il est réaliste, puissant, et, une fois pris dedans, il est difficile d'en sortir. Cette famille, ces gens, ça pourrait être moi, vous, ou votre meilleur ami. C'est eux, et à la fois nous, c'est une famille qui pourrait être la nôtre, la vôtre, ou celle de vos voisins.


Louis, c'est pas seulement le fils ingrat qui déteste sa famille au point de l'ignorer pendant 12 ans. Louis, c'est quelqu'un de complexe, qu'on ne peut pas vraiment cerner, qui ne parle pas, qui dit trois mots, qui envoient des cartes postales et qui fait un sourire en coin quand il ne sait pas quoi répondre. Louis, il ne peut pas aimer sans que ça dérange. Et il est loin. Il est quelque part où personne ne peut le trouver. Parce que, son adresse, personne ne la connait, et c'est mieux ainsi.


Martine, c'est une mère un peu (trop) loufoque, extravertie, qui aime ses enfants à sa façon, qui aime raconter l'histoire des dimanches, qui est lointaine mais qui est présente quand même. Parce qu'elle les aime, et que personne ne pourra lui enlever ça. Elle est folle, mais sage, et se cache sous un personnage plus jovial qu'elle.


Suzanne, c'est la petite dernière, qui est dans sa période d'adolescente rebelle, qui comprends pas, qui ne sait pas. Suzanne, elle veut savoir, elle veut comprendre. Elle veut partir d'ici, mais ça lui est impossible. Alors elle fume et elle dessine, pour s'évader et partir loin de cette vie qu'elle n'est pas sûre de réellement aimer.


Catherine, c'est la femme introvertie, qui ne veut pas gêner, mais qui comprend tout d'un simple regard. Catherine, elle veut se faire une place dans un monde un peu trop brutal pour elle. Elle aime parler de ses enfants, alors elle montre des photos, et puis elle se tait, parce qu'elle sait qu'elle dérange. Mais elle se tait aussi pour écouter, elle observe, et elle comprend.


Antoine, il ne veut plus rien entendre, il ne veut plus écouter. Il en peut plus de ces histoires trop grandes pour lui, alors il gueule, il ironise, il humilie, il tape. Parce que ça le fait se sentir mieux de rabaisser les gens. Il veut pas ouvrir les yeux sur ce qu'il est, oubliant ainsi ses rêves et ses désirs passés.

Dès les premières images, on sait que ce film sera quelque chose. On voit les visages et les regards s'enchaîner, les images défiler au ralenti. Parfois, elles se suivent trop rapidement pour que l'on puisse capter la puissance de ce qu'elles représentent. On voit le temps filer, les coups d’œil à la montre ou à l'horloge nous rappelle que le temps presse et que quelque chose doit être dit. Si ce n'est pas aujourd'hui, alors quand ?

Xavier Dolan nous entraîne dans une famille qui semble si loin mais en même temps si proche de la réalité. Parce que cette famille, c'est l'exemple type du déchirement familial, des liens du sang qui éclatent. Cette famille, elle a atteint un point de non-retour, alors, elle plonge dans le secret et le silence. On se perd dans une paire d'yeux bleus, on ressent la gêne, la frustration. L'envie de dire. L'envie de se taire.

Les non-dits, les engueulades, les larmes.

Des visages, des regards, un huis-clos, de l'asphyxie.

Un père absent, des souvenirs, des cris, un silence frustré.

Un enchaînement de plans. Une musique névrosée. Quelque chose va se passer. Et puis, non, rien. Tout redevient calme. On retombe dans le silence. Dans la gêne.

Une virée en voiture, une discussion sur un aéroport, et tout éclate.

Un ami qui meurt, la maladie, une cigarette à terre,

un dessert trop silencieux et des promesses.


Je dois partir, je t'y emmène, pas de taxi, et les cris, et les larmes, et toujours les cris. Ça résonne, ça fait mal, ça bouleverse. Et l'horloge, le temps qui passe, un oiseau. Et rien n'est dit. Parce que le secret est trop bien enfoui. Alors, on se tait. Et puis elle sait. Alors, pourquoi tout révéler ?

Je suis sortie de la salle complétement perdue, avec des interrogations pleins la tête, et j'avais pas de réponses. Alors j'ai créé mes propres théories, pour essayer de comprendre quelque chose qui est hors de ma portée, en oubliant que c'est que de la fiction. Mais c'est ça qui fait la grandeur d'un film : ne plus réussir à s'en détacher au point de le faire coïncider avec notre propre réalité.

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