Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
- Emma
- 25 févr. 2017
- 3 min de lecture

C'est fracassant. C'est brut, c'est le réalisme de vies, pas si éloignées des nôtres, avec ses joies et ses désillusions. C'est beau. On a l'impression de voir défiler devant nos yeux un film d'auteur aux couleurs douces, un dégradé de sentiments et d'interdits. On dévore ce roman, on avale les chapitres les uns après les autres, parce qu'on est emporté dans un tourbillon d'émotions qui ne sont pas les nôtres et pourtant, on les vit à la même échelle et au même degré qu'Ari et Dante, parce que Saenz a ce talent de savoir transmettre avec justesse ce qui compose une vie. Les mots ne sont pas superficiels, ils sont justes, à leur place, comme s'il n'y avait plus besoin de musique et de regards pour définir nos émotions.
"Je me demandais ce que ça faisait de tenir quelqu’un par la main. Je parie qu’on trouve tous les mystères de l’univers dans la main de quelqu’un."
Aristote a 15 ans quand il rencontre pour la première fois Dante. Va alors s'installer une amitié entre deux êtres aux caractères opposés mais à la même vision de ce que peut être la vie quand elle ne prend pas la bonne direction. On aime ces personnages comme s'ils étaient les personnes que l'on chérit le plus au monde, parce qu'ils sont nous, ils nous ressemblent, que ça soit par leur comportement ou les événements qui saccadent et rythment leur vie. On se laisse transporter dans une existence qui n'est pas la nôtre, dans la douceur de ce que pourrait être notre vie.
"– Un jour, je découvrirai tous les secrets de l’univers. – Qu’est-ce que tu feras de tous ces secrets, Dante ? – Je saurais quoi en faire. Peut-être changer le monde."
Il n'y a pas vraiment de scénario à proprement parler, c'est simplement une histoire, un récit d'une vie qui aurait très bien pu être la nôtre. Et c'est ça qui fait toute la beauté du roman. Antihéros, on voit Aristote et Dante grandir et évoluer, se découvrir et s'aimer. On est spectateur, presque voyeur d'une vie qui pourrait prendre des directions complètement différentes, comme si tout était conducteur d'une nouvelle histoire.
"Une nuit d'été, je me suis endormi en espérant qu'à mon réveil le monde serait différent. Le matin quand j'ai ouvert les yeux, le monde n'avait pas changé."
Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, c'est le roman de la découverte de soi et de l'acceptation. Accepter qui nous sommes, se laisser aimer et être aimer, découvrir que tout n'a pas de conclusion définitive, que nos douleurs intérieures sont souvent plus profondes qu'on ne l'imagine.
"– J'aurais tellement aimé qu'il pleuve, a dit Dante. – Je n'ai pas besoin de la pluie. J'ai besoin de toi."
Ce roman diffère de tout ce que l'on peut lire en ce moment dans la littérature destinée aux jeunes adultes, où l'on retrouve un nombre incalculable de récits niais et impersonnels, avec le même fond et la même réception. On nous bassine avec des histoires d'amour sans fondements, des personnages qui ne sont pas assez exploités pour pouvoir ressentir une réelle connexion. Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, c'est un ovni dans un genre souvent critiqué pour son manque de cohérence et de maturité. On retrouve ici tout ce qui m'avait manqué dans un roman de qualité, le genre de bouquin auquel on repense des semaines après l'avoir lu, parce qu'il fait partie de ceux qui marquent une vie.
"Les garçons comme moi n'étaient pas faits pour le soleil de l'été, mais pour la pluie."

Au fur et à mesure des chapitres, on se laisse pleinement rejoindre l'univers de Saenz, parce que c'est ce qu'il sait faire de mieux : nous emmener avec pendant quatre-cent pages dans sa création, on s'abandonne dans le choix de ses mots. On découvre une famille, une culture et une ville que lui connaît si bien. On imagine les couleurs, les sons et les odeurs comme si nous étions là, spectateurs impatients de découvrir, nous aussi, les secrets de l'univers.
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