Et nos droits dans tout ça ?

Et nos droits alors ? Qu'en est-il de nos droits dans une campagne médiatique où la couronne reviendra à celui ou celle qui se montrera le plus amusant et le plus charismatique ?

@combo_ck

J'ai cherché, dans les petites brochures reçues hier - qui sont, soit dit en passant, censés résumer les programmes de nos chers candidats - les mentions des droits de la femme et de la communauté LGBTQ+. J'ai tout lu, et j'ai tout relu, car j'ai cru avoir passé des lignes, loupé des mots ou tout simplement mal compris (c'est bien connu, les jeunes ne sont pas assez mûrs pour capter l'essence d'un programme électoral). J'ai bien recompté (je n'ai pas fait de maths depuis deux ans, on m'excusera), j'ai bien vérifié si je n'avais pas oublié de lire l'un de ces petits manuels pour une France parfaite (un manque d'inattention, et hop, on loupe le super programme sur la conquête spatiale). Mon constat n'a malheureusement pas changé : sur onze candidats, seuls cinq ont évoqué les droits des femmes, et deux les droits de la communauté LGBTQ+ (oui, je dis bien « évoqué » : c'est bien ça qu'on utilise quand il s'agit d'une phrase sur quatre pages de réformes économiques et budgétaires?). Il est important de préciser que les deux seules femmes candidates n'ont strictement rien dit du tout, pas même une toute petite mention, rien, nada, niente (dont celle qui se présente comme la "candidate des femmes" alors que son parti ne fait que se prononcer contre nos droits : hypocrisie ?).

Qu'est-ce qu'on doit en déduire ? Que tous nos droits sont déjà acquis, que l'on peut désormais se laisser aller et croire en un système parfait, alors qu'encore la semaine dernière, on apprenait l'existence de camps de concentration pour homosexuels en Tchétchénie ? (seulement deux candidats se sont manifestés sur ce sujet. Deux. Sur Twitter). Et la parité et l'égalité salariale, ce n'est plus d'actualité ? Parce que ce n'est pas seulement entre les femmes et les hommes que l'on retrouve ces inégalités, mais entre les femmes elles-mêmes. Parce que oui, une femme de couleur noire gagne beaucoup moins qu'une blanche, mais ça, même certaines féministes n'en prennent pas compte, parce que ça ne les concerne pas directement.

Je pensais, peut-être un peu naïvement, que j'allais trouver dans ces programmes de vraies propositions pour faire encore plus avancer notre société. Parce qu'on en a les moyens. Parce que c'est possible si nos politiques en ont la volonté. Mais on reste sur des acquis, qui sont voués à disparaître si l'on arrête de se battre pour eux. Comme disait une dame que j'affectionne beaucoup (Simone de Beauvoir), nos droits, lors de n'importe quelle crise politique, religieuse ou économique, seront toujours remis en question, peut importe leur impact et leur place dans la Constitution.

Je pensais que l'accent serait mis sur le social, dans cette campagne. Lors des débats, c'est à peine si l'on en parle, du bout des lèvres, comme si c'était tabou et trop sujet à polémique. Même la lutte contre le racisme a été oubliée des programmes, comme si l'on voulait fermer les yeux et prétendre que tout va bien, dans le meilleur des mondes possible.

Alors, qu'est-ce qu'on fait ? On attend et on voit ce qu'il se passe, au risque de revenir encore plus en arrière en voyant des candidats sous couvert d'immunité ramener leurs idées conservatrices et dépassées sur le devant de la scène politique ? On se cache derrière un parti, et on amène à la haine un peuple déjà beaucoup trop divisé, parce que c'est ce qui marche le mieux pour arriver au pouvoir.

Je ne dis pas qu'il faut oublier l'économie et la politique internationale. Je dis simplement que la place de nos droits sociaux sont beaucoup trop mis à l'écart alors que notre société ne serait pas celle qu'elle est aujourd'hui s'il n'y avait pas eu ces hommes et ces femmes qui ont eu le courage de l'ouvrir et d'arrêter de passer par des métaphores obscures pour plaire au plus grand nombre.

On ne peut plus se reposer sur des droits qui ont déjà été acquis, il faut les faire évoluer et les transformer pour permettre au plus grand nombre d'en profiter et arrêter de se concentrer uniquement sur soi-même ou sur sa propre communauté. On a la chance de vivre dans un pays démocratique, profitions-en pour réaffirmer nos droits.

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